Clarté
21 mars 2011
Au lendemain du premier tour des élections cantonales, mes pensées vont d’abord vers les candidats socialistes, qui incarnent, dans nos départements, le progrès et la justice. C’est en votant, au second tour, pour cette gauche qui agit et qui protège, que les Français se donneront à eux-mêmes les contre-pouvoirs indispensables dans la crise très dure que traverse notre pays.
Mais je tiens à tirer une sonnette d’alarme. Car ce dimanche 20 mars, les Français ont exprimé leur défiance, leur lassitude et leur découragement. Ils l’ont fait d’abord en s’abstenant massivement (quand ceux qui jugent que ce n’est pas la peine de voter sont plus nombreux que les autres, c’est que l’esprit public est en pleine décadence). Ils l’ont fait aussi en se tournant, dans des proportions inquiétantes, vers le Front national. Et comment n’exprimerais-je pas, avec gravité, une certaine angoisse quand je vois, dans un si grand nombre de nos cantons, figurer au second tour les candidats d’un parti historiquement et ouvertement xénophobe et populiste?
Comment en sommes-nous arrivés là ? La responsabilité de l’UMP est écrasante. En alimentant avec cynisme les « débats » les plus nauséabonds, en favorisant les amalgames les plus suspects, en stigmatisant obstinément une partie de la société, en dressant les Français les uns contre les autres, la droite dite classique a abattu des digues et se trouve elle-même emportée par un flot qu’elle a directement libéré. Et elle continue aujourd’hui d’entretenir cette confusion en refusant de choisir entre les candidats socialistes et le Front national, au motif que ses électeurs « ne comprendraient pas »… Comme si ce n’était pas le devoir d’un parti politique que d’aider, précisément, à comprendre où sont les lignes au-delà desquelles les lâchetés et les compromissions finissent par engager l’essentiel.
Comment dissiper la confusion ? Eh bien, en remettant de la clarté dans le débat public. Et la clarté, pour la gauche, consiste d’abord aujourd’hui à être responsable pour deux, et à dire clairement que l’urgence, dimanche 27 mars, c’est de faire barrage au Front national, c’est-à-dire, chaque fois que la situation se présente, de glisser dans l’urne le bulletin de vote du candidat qui se retrouve contre celui du FN.
Mais la clarté, au-delà du 27 mars, supposera des mises au point plus fondamentales. Il faudra que la droite choisisse. Est-elle prête à redessiner des limites entre l’acceptable et l’inacceptable ? Ou bien est-elle, au contraire, en train de préparer la confusion ultime, qu’elle semble hâter par des discours de moins en moins distincts de ceux du Front national? Voilà la question qui lui est posée… Quant à la gauche, face à tant d’obscurité, elle doit se préparer, décidément, à être le camp de la clarté. En d’autres termes, elle devra se rassembler, dans l’unité de ses différences assumées. Et elle devra se donner les moyens d’être, pour de bon, le refuge de tous ceux qui veulent encore croire à l’action publique, et qui ne se résignent pas à voir leur pays perdre son âme.
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Bertrand
Faites moins long SVP
Les développements sont salutaires mais pas adaptés à l’outil..
cher ami, suivez Hollande, faites médiatiques aussi.
Amicalement aux deux
N
« l’urgence, dimanche 27 mars, c’est de faire barrage au Front national, c’est-à-dire, chaque fois que la situation se présente, de glisser dans l’urne le bulletin de vote du candidat qui se retrouve contre celui du FN. »
Ce n’est pas tant au FN qu’aux les idées du FN qu’il faut faire barrage. Comment un électeur de gauche pourrait glisser son bulletin de vote dans l’urne pour un candidat qui serait en accord avec cette droite qui a accepter toutes « les lâchetés et les compromissions ».
Quand bien même, la reprise des thèses du FN ne serait QUE de la stratégie(et on sait que ce n’est pas complètement le cas), c’est faire un cadeau à cette UMP. C’est laisser entendre que tout est permis pour racoler des électeurs, que la gauche est prête à courir, une fois de plus dans un réflexe pavlovien, aux urnes voter Sarko en 2012 dans le cas d’un éventuel nouveau 21 avril, et donc les conforter dans leur stratégie.
Petit exemple pour illustrer ce que j’ai écrit précédemment:
Dans le canton de Noailles (Oise), un duel oppose la FN, Florence Italiani (27,9 %) et l’UMP Jean-François Mancel (26,2 %). Les partis de gauche ayant appelé à un « front républicain » contre les candidats du Front national, Jean-François Mancel exclu du RPR en 1997 pour avoir négocié un rapprochement avec le FN et (bien évidemment!) réintégré à l’UMP en 2002 est donc quasiment assuré de l’emporter. Le radical de gauche Laurent Pagny, auquel il manque une centaine de voix pour se maintenir pour une triangulaire, ne s’y trompe pas: « Entre la peste et le choléra, je ne vais pas choisir », explique-t-il, « les voix qui se sont portées sur moi ne m’appartiennent pas. Et je ne vois pas la différence entre Mancel et le FN. Je n’appellerai pas à voter pour lui.
Cher Monsieur,
Vous disiez tout à l’heure sur nos antennes qu’il fallait dans les élections où s’opposent candidat UMP et Front National soutenir le premier à condition qu’il ne flirte pas avec le second.
Je pense que la très grand majorité de votants, n’ont pas besoin de recevoir de consignes de vote, d’autant que celles-ci n’ont pas été respectées au premier tour, à moins que les uns et les autres aient oublié d’en donner, considérant que la confiance méritée de leurs électeurs ferait qu’il n’y aurait pas de problème.
Sur l’affaire du flirt avec le Front National, vous ne dites rien de ce que l’on doit faire vis-à-vis des candidats socialistes qui flirtent avec le Parti Communiste, c’est-à-dire tous.
On oublie en effet que si le parti communiste n’a jamais eu l’occasion – Dieu merci – d’appliquer ses horribles doctrines, il n’en tient pas moins à conserver le nom du régime totalitaire le plus infâme que la planète ait jamais portée.
Le cas du Front National n’a rien à voir, dans la mesure où lui ne se réfère pas à un régime dont l’horreur du comportement est indescriptible.
Sur les idées que l’on reproche d’ailleurs au Front National et qui concernent essentiellement la xénophobie, il est lamentable que l’on ne retienne qu’une toute petite partie de ce qui est énoncé, en refusant de voir la réalité des problèmes que pose l’immigration puisque c’est de cela qu’il s’agit.
Dans l’aspect de cette immigration qui nous concerne, nous pays d’accueil, on s’aperçoit que comme dans beaucoup d’autres de domaines : « Le fond c’est la forme ! ».
Ceci est manifeste dans la déclaration du Ministre de l’Intérieur, qui aurait pu certes l’énoncer autrement, où il ne fait que déclarer ce que tout le monde pense, mais n’a surtout pas le droit de dire, et aurons-nous même bientôt celui de penser ?
Il faut certes dire que si nous nous demandons, encore une fois à juste raison, si nous sommes vraiment chez nous, c’est peut-être parce que nous renonçons aux valeurs de base de notre culture millénaire, valeurs auxquelles la plupart des immigrés restent attachés dans leur propre culture.
Les tenants d’un laïcisme qui n’a hélas rien à voir avec la Laïcité authentique ont là une lourde responsabilité. Ceux-là n’appartiennent pas au Front National.
Mais le véritable drame de l’immigration est celui de la très grand majorité d’immigrés, qui viennent chez nous, non pas pour s’intégrer, mais pour avoir pour eux et leur famille une vie digne qu’ils ne trouvent pas chez eux. Ils préfèreraient, tous ce malheureux, vivre dignement dans leurs meubles plutôt que d’être d’éternels errants.
Ils viennent tous ces malheureux chercher chez nous ce que nous étions en train de mettre en place chez eux lorsque nous avons été foutus dehors, parce que leurs pères et grand-pères ne courraient pas assez vite pour rattraper notre culture déjà décadente.
Ils viennent chez nous ces malheureux parce que depuis les indépendances, la communauté des pays dits riches a été incapable des les aider malgré les sommes énormes englouties dans l’aide publique au développement.
Nous n’en sortirons jamais en conditionnant cette aide publique au développement aux bénéfices que nous pouvons en retirer, et surtout pas en mettant en place dans ces pays nos modèles économiques actuels dont on voit d’ailleurs où ils nous conduisent, au lieu de ceux que nous avons utilisés lorsque nous étions dans leur situation.
Veuillez agréer cher Monsieur, l’expression de mes sentiments distingués.
« Où il ne fait que déclarer ce que tout le monde pense, mais n’a surtout pas le droit de dire, et aurons-nous même bientôt celui de penser ? » -> Est-ce pour vous rassurer, que vous vous figurez que tout le monde pense ainsi?
Ah, et bien tenté, l’anaphore sur la fin (mais raté).
Devons nous en cas de duel UMP – FN être comme en 2002 les dindons de la farce? Non, mille fois non, d’abord parce que l’UMP est tout sauf un parti républicain et que la réciproque n’aura jamais lieu puisque pour ce parti, un candidat P.S. est forcément un candidat à faire battre et que le « front républicain n’est un concept qui ne peut s’appliquer qu’en leur faveur. Alors désolé, mais ce barrage ne signifiera pas pour moi un vote UMP